Souvenirs d'un médecin d'autrefois

mercredi 7 juin 2017


« Les derniers hommes d’Alep »

 

Documentaire écrit et réalisé par Feras Fayyad

 


Alep – 5000 ans avant J.C – Berceau de la civilisation

Alep – 2017 /XXI° siècle – Berceau de la « décivilisation »

Dans cet enfer, des hommes ont décidé non pas de se battre avec des armes mais de lutter avec leurs mains, leur cœur, de se battre avec courage pour les autres. En les sauvant des décombres, en les soignant, en apaisant les pleurs d’un enfant. Ce sont les Casques Blancs . Des irréductibles qui risquent leurs vies à chaque instant. Ils sont trop oubliés par les médias et pourtant depuis 2013 ils ont un rôle crucial et tentent de garder une neutralité absolue, les bombardements et atrocités venant à la fois du régime et des jihadistes.

Le réalisateur syrien Feras Fayyad a suivi pendant près de 3 ans Khaled et Mahmoud, deux frères unis pour apporter de l’aide dans ce chaos sans nom, dans ce néant qui devient pire que des ruines... de la poussière de ruines.

Ce reportage est un déchirement total et l’un des plus poignants réalisés sur la Syrie. Déchirant pour le sort des Alépins, déchirant pour la cruauté de la guerre, déchirant pour les images, les témoignages, la musique qui accompagne chaque instant de survie. Pas de commentaire, juste les voix des Casques Blancs.

Comment ne pas avoir la gorge nouée quand on voit ces femmes, ces hommes, ces enfants qui savent encore rire dès qu’un faisceau de lumière apparaît dans la noirceur du ciel, ils veulent profiter de chaque seconde de vie, cette vie unique et précieuse...mais si fragile. Mais face à ce quotidien plus qu’incertain, ces hommes refusent de partir bien que la tentation de s’exiler soit grande, leur devoir est de rester à Alep pour accompagner et soulager son prochain.

La caméra se déplace lentement sur les visages, l’intensité des regards vous traverse l’âme et les images bouleversantes défilent : celle d’un vieil homme qui range un tiroir alors que la façade de son immeuble est tombé, celle d’un enfant qui a succombé à un bombardement et son père pleurant tout en abhorrant Bachar el-Assad, celle d’un chat blessé, tremblant de peur avec des larmes coulant de ses yeux...

Admirable exemple de ténacité, de bravoure, d’humanité dans cette inhumanité d’un conflit de ténèbres. Les dernières secondes du documentaire s’achèvent et vous fermez vos yeux humides avec une sorte de prière dans votre for intérieur pour que cesse cette barbarie qui hache des vies et laisse des blessures incurables.

Il y avait Khaled ou le courage personnalisé
Il y avait Khaled, le père dévoué adorant ses enfants
Il y avait Khaled avec une main tendue pour sortir un être vivant de l’abîme
Il y avait. Parce que Khaled n’est plus. Un bombardement a fait cesser de battre un cœur. Khaled mort en sauvant les autres.


(© Last Men In Aleppo)


« Les derniers hommes d’Alep » (The last men in Aleppo) – Feras Fayyad - Diffusé le 6 juin 2017 sur Arte








Aucun commentaire:

  Noisette onirique Ma vie avec Gérard de Nerval Olivier Weber   Le grand reporter et écrivain nous convie à un voyage en « Nervalie...