Une noisette, une interview
Jérôme Attal
« J’essaie toujours d’écrire des romans positifs »
(Photo © Jérôme Attal) |
La gentillesse est sa marque de fabrique. Son dernier roman
«L'appel de Portobello Road » est sorti de terre le mois dernier et
d’autres floraisons enchanteresses sont à retrouver comme « Les jonquilles de Green Park », « Aide-moi su tu peux », « L’histoire de France
racontée aux extra-terrestres » : Jérôme Attal
Celui pour qui « si on se débrouille bien, le Paradis est sur
terre », celui qui mise tout sur le temps qui passe, celui qui parle de
« l’écorce des jours » pour répandre une écume bienfaisante dans
l’esprit de chacun de ses lecteurs. Son talent est un éventail de création, du roman aux nouvelles, des mots aux notes de musique, le tout parfois en chantant. Des phrases douces comme la tendresse et des instants de rêve qui font oublier la réalité du moment.
1 –
Ecrivain, parolier, scénariste. Trois plumes différentes pour un seul
homme ?
J’ai pourtant toujours la sensation de faire la même
chose : écrire. Comme une respiration volontaire. Une maison où l’instinct
me porte et me ramène en permanence.
2 –
Mais quel que soit l’écrin, l’écriture est une perle pour s’exprimer, une
liberté de ton, un moyen de prise de conscience tout en gardant une gamme
poétique ?
Oui c’est une question de poésie. Et on trouve davantage de
poésie dans l’écriture qui est un territoire plus libre. Il y a aussi de la
poésie dans la vie, mais beaucoup d’empêchements. Et souvent, on laisse agir
trop de choses sans nous. Dans l’écriture, on se réapproprie une place
acceptable. Sans frustrations.
3 –
L’enfance semble prendre part beaucoup d’importance dans vos fictions.
Etes-vous nostalgique de cette période ? Ou bien est-ce un moyen de
continuer la fantaisie dans un monde de grands ?
Comme toutes les personnes qui ont eu une enfance heureuse,
j’éprouve un sentiment de réconfort et de tristesse quand j’y pense. Je ne
crois pas que ce soit exactement de la nostalgie. Du réconfort à me souvenir
d’une infinité d’instants et de moments vécus, et la tristesse qu’il soit
techniquement impossible de revivre ces moments. Qu’il n’y ait pas de porte à
ouvrir, de numéro de téléphone à composer, de rue à traverser, pour accéder à
volonté aux territoires engloutis de l’enfance.
4 –
Dessiner ou redessiner le quotidien par l’imaginaire est-ce une force de
résistance ?
Oui. Mais c’est aussi une façon de ne pas s’appesantir sur ce
qui paraît insupportable. C’est transformer ce qui nous pèse en bouffée d’air.
Enfin, en bouffée d’encre, pour le coup.
5 –
L’humour également ?
L’humour c’est la moindre des choses. C’est de la politesse. Et
c’est aussi une forme de connivence. Un récit où il n’y aurait pas d’humour
serait trop péremptoire ou trop égoïste à mon goût. Un roman ce n’est pas un
manifeste, ni un monologue les yeux fermés. Il faut toujours chercher la
connexion avec le lecteur invisible. Cela se fait par le cœur, tout le temps.
Et parfois par l’humour.
6 –
Une petite noisette me dit que vous appréciez énormément la culture
anglo-saxonne, exact ?
Oui j’ai toujours été très attiré par la culture anglo-saxonne.
La musique, la littérature, le way of life. Mon père qui a rejoint les
Etats-Unis pendant la guerre en tant que jeune mécanicien dans l’armée de l’air
a toujours eu une grande admiration pour tout ce qui venait des USA. La
musique, les gadgets. De mon côté je suis très anglais : je bois du thé,
j’aime les Beatles et Joy Division, Oscar Wilde et Harry Potter, je me
reconnais dans leur élégance et leur humour, j’aime les londoniennes et les
sandwichs au concombre, les parcs et les écureuils, et mon rêve est d’être
enfermé une nuit entière chez Liberty ou Fortnum & Mason pour y faire du
shopping à volonté.
7 –
J’ai lu que vous apportez beaucoup d’importance à la peinture, à sa création.
L’art, une contemplation mais un refuge également ?
J’ai fait des études d’histoire de l’art. La sensation que
procure un tableau est pour moi une émotion très complète. À la fois immédiate
et profonde. Comme un coup de foudre amoureux. La fascination, même d’ordre
esthétique, ne survient pas par hasard, elle va chercher, solliciter en nous
des choses qui nous constituent.J’aime aussi beaucoup lire les entretiens de peintre. Balthus, Francis Bacon, c’est toujours d’une grande richesse. Ça donne beaucoup d’élan.
8 –
Lire est l’un des meilleurs remèdes contre l’anxiété, surtout quand chaque page
est un appel (à Portobello Road, entre autres) au rêve, à l’évasion. A quand un
remboursement de la Sécurité Sociale sur l’achat de romans positifs ?
J’essaie toujours d’écrire des romans positifs. La vie n’a pas
besoin de mon intervention pour être exaspérante, ou créatrice d’anxiétés,
alors je n’ai pas envie d’ajouter ma part de ténèbres à une personne qui
ouvrirait un de mes romans.
9 –
En parlant de financement, vous vous êtes engagé pour sauver la Librairie de
Cogolin. Les libraires indépendants sont un peu, beaucoup, passionnément, les
passeurs de rêves ?
Oui c’est très important. En tant qu’amoureux des livres, j’ai
un tel goût des livres, de flâner parmi les livres, de tomber en ravissement
sur une couverture, quelques mots, une tournure de phrase, une page, que ça me
fait mal au cœur quand j’entends que des libraires passionnés sont en péril.
10
– Un petit message pour les lecteurs du blog et la famille des
écureuils ?
Dans la vie, souvent, on cherche des noisettes et on finit par
trouver des noises. Mais si vous êtes aussi agiles et mignons qu’un écureuil,
les choses devraient bien se passer.
11
– C’est une tradition sciuridérienne, le petit quizz pour mieux vous connaître
encore...
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Un roman : Charlie et la chocolaterie,
de Roald Dahl
-
Un personnage : Basil Lee, le jeune
héros d’un cycle de nouvelles de Francis Scott Fitzgerald
-
Un écrivain(e) : JD Salinger
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Une musique :
The long and winding road, des Beatles
-
Un film : Baisers volés de François
Truffaut
-
Une peinture : Le panneau central de
la bataille de San Romano de Paolo Uccello (que l’on peut voir au Louvre)
-
Une photographie : N’importe quelle
photographie avec Kate Moss dessus.
-
Un animal : Un écureuil, un renard, ou
une coccinelle.
1 commentaire:
Très belle ITW !
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