Une noisette, un livre
Voici venir les rêveurs
Imbolo Mbue
Deux
pays : le Cameroun et les Etats-Unis. Entre les deux, pas
uniquement un immense océan qui les sépare, mais aussi, un monumental
pont à songes.
Jende
Jonga ne veut plus vivre dans son pays, il n’y voit aucun avenir,
non seulement pour lui mais pour son fils Liomi. Avec sa femme Neni,
ils rêvent de tout quitter pour une vie meilleure, construire son
destin grâce à une clef qui ouvre toutes les portes : la Green
Card.
Jende
sera le premier à débarquer sur le continent américain, suivront
ensuite son épouse et leur enfant. Avec l’aide d’un cousin, il
va réussir à devenir le chauffeur personnel de Clarck Edwards, un
éminent banquier de Lehman Brothers. Des liens personnels vont se
nouer, une confiance mutuelle va progresser, le nouveau salaire faire
virevolter toutes les ambitions, la sienne mais aussi celle de Neni
qui désire devenir pharmacienne et suivre des études tout en
travaillant parallèlement. L’ensemble s’annonce sous les
meilleurs auspices. Hélas nous sommes en 2007, la crise financière
surgit et Lehman Brothers est en faillite. Comment la famille Jonga
va résister à cette secousse économique ? L’entente avec la
famille Edwards va-t-elle perdurer ? Et si la société
américaine ne laissait en réalité que peu de place pour les
rêveurs ?
Imbolo
Mbue est une jeune auteure camerounaise originaire de la ville de
Limbé ayant quitté son pays natal en 1998 pour étudier aux
Etats-Unis. Ce premier roman est une révélation et une preuve que
la littérature africaine est une source permanente de surprises, de
beauté, de fantaisie, de réalisme et de talent !
L’écrivaine
sait admirablement jouer sur les sentiments des uns et des autres et
les décrire avec une vivacité littéraire à rendre addict la
personne la plus réticente à la lecture d’un roman. Derrière
l’histoire irréelle de cette famille camerounaise, se dresse un
portrait certain de la vie américaine avec sa réussite mais aussi
son déclin, avec des espoirs pouvant se transformer en chimères,
avec sa convivialité mais l’hypocrisie et les mensonges planent
inlassablement. Une galerie de personnages, de l’avocat au fils
rebelle, qui permet de pimenter le récit et de faire sortir nombre
de questions sur la finance à outrance et la perte inexorable du
capital humain.
Premier
roman lu de la rentrée littéraire 2016 et de suite adopté car,
parole d’écureuil, on ne s’ennuie pas d’une seule noisette à
parcourir les 420 pages. Avec un épilogue à la fois surprenant et
inévitable, qui touche et donne un sourire de bien-être dans le
dernier dialogue.
Voici
venir les rêveurs – Imbolo Mbue – Editions Belfond – Août
2016
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