lundi 20 janvier 2014


Une noisette, un hommage,

 
Claudio Abbado
1933 - 2014


Une main, deux mains qui s’élèvent doucement dans un silence de cathédrale. Debout, face au pupitre, seul devant ses musiciens mais avec une harmonie indescriptible, la musique va bientôt retentir dans un hall où personne ne pouvait s’imaginer pouvoir approcher un jour un si grand homme...

Mozart est là, le premier mouvement de son concerto N°17 débute par un allegro qui provoque de suite des sourires à des corps meurtris. Le grand ami pianiste Maurizio Pollini le sait, ce concert en milieu fermé sera une véritable ode, comme pour hier, comme pour demain. Puis l’andante, suivi du dernier mouvement allegretto résonnent au-delà des murs, des sons qui provoquent une allégresse bienfaisante, réconfortante, et il en faut dans cet hôpital où les blessures de l’extérieur rejoignent souvent celles de l’intérieur. Hôpitaux, prisons, couvents, usines des lieux où Beethoven, Mahler, Debussy et bien d’autres génies ne sont jamais rentrés. 

La musique n’est pas qu’un art réservé à une élite, c’est un art populaire et souvent salvateur. Nul besoin de se parler, il suffit d’écouter, de regarder aussi, oui regarder les yeux qui se remplissent de joie, de mélancolie, de passion pendant, certes, un court instant, mais qui dure une éternité dans l’esprit.

La musique respire, elle se partage. Alors point besoin d’imposer une dictature dans sa conduite. Souple, elle transpirera d’autant mieux pour apporter un souffle de vivacité dans les âmes qui en ont besoin.

La musique a des instants uniques, émotions intenses, fluidité d’un mouvement, concentration d’une partition où chaque baguette saura apporter une saveur particulière et animer des ouïes au départ fermées à cet univers instrumental.

Par la musique, refuser la fatalité, faire découvrir et découvrir d’autres univers, ressentir les mêmes sensations que celles de son créateur, vivre, revivre, battre la mesure pour que les cœurs ne s’arrêtent pas, oui Maestro Claudio Abbado vous étiez tout cela, un talent, une exception, un miracle, refusant toute forme d’oppression et aimant la liberté.

Grazie Maestro, pour laisser un patrimoine aussi musical que spirituel et gardons tous cette belle utopie que vous avez souvent su réaliser. Merci, bon voyage au firmament des étoiles pour une symphonie désormais perpétuelle et inachevée à jamais...
 
 
 
 
 
                                            (Source photo : The Times/Deutsche Grammophon)



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