Une noisette, un livre
Le désert ou la mer
Ahmed Tiab
Photo © Squirelito |
Deux
pays, l’Algérie et le Niger. Deux personnages centraux :
Kémal et Fatou. L’un est commissaire. L’autre, étudiante
infirmière, veut sortir de sa condition devenue intenable au Niger.
Leurs routes vont finir par se rencontrer, Kémal Fadil voulant
absolument se saisir du dossier du trafic humain parce que trop de
corps de migrants africains échouent sur les plages d’Oran.
Autour
du commissaire, le fidèle Moss et sa mère Lela qui, elle aussi, a
une histoire. Fatou, désignée future victime d’un oncle sans
scrupules, décidera de s’enfuir, loin, très loin, grâce à sa
rencontre avec Ali. Au cours de son périple, elle rencontrera
Johnny, d’autres bonnes âmes et de nettement moins bonnes...Un
désert où circule parfois (souvent) le pire.
En
alternant les histoires des deux principaux protagonistes, Ahmed Tiab
donne un rythme dynamique qui ne laisse aucun répit au lecteur et
qui permet de plonger au cœur de l’enfer des migrants et de ces
ignobles profiteurs de la misère.
De judicieux
flash-back historiques aident à mieux comprendre la société
algérienne d’aujourd’hui, société entre ses doutes, ses peurs,
ses excès aussi.
Au-delà
du polar, c’est un véritable récit sur la cruelle réalité d’un
monde où l’homme n’est qu’un élément dont on peut jouer
de lui, une analyse sur le sort des femmes dans la société
africaine, un regard objectif sur une religion divisée, un pamphlet
contre les autorités aveugles...
Une
fiction humaniste, sensible qui ne peut qu’alerter sur des
situations qui durent depuis trop longtemps et sur l’ignominie des
organisations criminelles, parfois bien dissimulées... Le tout,
parsemé avec des instants de beauté et un saupoudrage d’humour
bien envoyé.
Enfin,
deux phrases me semblent essentielles à retranscrire. Parce qu’elles
sont justes, parce qu’elles permettent d’aller au-delà d’une
simple lecture :
"L’étranger
demeure l’éternel coupable, surtout lorsqu’il est faible et
démuni"
"La
Z.A.C (…) un espace sans horizon, grouillant de gens soucieux de
vérifier la permanence de leur pouvoir d’achat. Là où l’homme
cesse d’être un humain et devient un code de carte bleue"
A méditer...
P.S. Je
tiens à remercier le remarquable site Quatre Sans Quatre qui permet de découvrir des ouvrages peu médiatisés et qui
pourtant méritent amplement d’être lus.
Le
désert ou la mer – Ahmed Tiab – Editions de l’Aube – Mai
2016
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