Souvenirs d'un médecin d'autrefois

dimanche 10 août 2014


La semaine télé de Squiri

Eric Rohmer/Otello/Louis de Funés/Jean d’Ormesson



Ouvrir le programme télé est un peu comme se retrouver devant le rayon chocolat d’une grande surface. Du choix de bas en haut et de haut en bas mais face à la prolifération des offres, ne point tomber dans l’avalanche boulimique et choisir les quelques bons crus pour une dégustation avec modération.


Deux bijoux diffusés lundi sur Arte pour commencer la semaine sous le signe de la littérature cinématographique. L’expression peut surprendre et pourtant le maestro Eric Rohmer a bien été le Marivaux du cinéma du XX° siècle. "Le genou de Claire" et "Ma nuit chez Maud", des propos d’une grande finesse dans le jeu de la séduction où des événements imprévisibles attendent les protagonistes. Un casting où figurent grands noms (Jean-Claude Brialy, Jean-louis Trintignant, Françoise Fabian) et acteurs méconnus (Aurora Cornu, Béatrice Romand, Gérard Falconetti) mais où tous peuvent librement donner sens à leur texte tant le réalisateur laissait une extrême souplesse dans le jeu des personnages. Absence de musique mais le son de la vie à chaque image comme pour encore mieux fusionner réalité et fiction sour la bannière des rencontres. Du grand art et une soirée qui entraîne dans les songes des destins de l’amour et du hasard.




Mardi sur France2 l’amour tournait au drame de la jalousie sur fond de complot : Otello, opéra de Giuseppe verdi d’après l’oeuvre de William Shakespeare. Sous la direction de Myung-Whun Chung cette production  en direct des Chorégies d’Orange  a offert une approche terriblement médiatique grâce à un casting à la hauteur : Roberto Alagna, Inva Mula, Seng-Hyoun Ko et Florian Laconi dans les rôles principaux. Roberto Alagna apporte une vision beaucoup plus déchirante qu’à l’accoutumée, timbre lumineux mais accents dramatiques qui font de lui un très grand Maure de Venise enveloppé d’une force solaire. Inva Mula et sa voix limpide tel un cristal qui se brise doucement, transforment son Ave Maria comme pratiquement un chant d’espérance. J’avais remarqué le fougueux baryton Seng-Hyoun Ko lors d’un Rigoletto magistral, sa verve lyrique n’a pas changé, un timbre puissant et une présence scénique haute en prestance. Quant à Florian Laconi, il est une des valeurs sûres de notre paysage lyrique français: vaillant et touchant, que dire de mieux lorsqu'on incarne le personnage parfois ingrat de Cassio.

Merci à la chaine publique de continuer à diffuser ce type de spectacle bien trop inaccessible pour la plupart d’entre nous. Et même si les audience ne suivent pas toujours, c’est une mission à suivre pour qu’un peu de culture puisse continuer à vivre dans la petite lucarne.
 
(Via @Chorégies)


De la ville d’Orange nous passons jeudi à celle de Saint-Tropez avec le troisième volet diffusé sur M6 du gendarme le plus célèbre de France : le Maréchal des Logis-chef Cruchot alias l’unique Louis de Funés. Vu, revu et bien plus encore, la magie Louis de Funés opère toujours, surout qu’il est entouré avec sa bande de joyeux lurons sans oublier Claude Gensac injustement mise à l’écart après le décès du grand Louis. Moment de détente assurée avec musculation des zygomatiques afin de mieux résister aux aléas de la vie. Fufu ou le meilleur antidépresseur qu’aucune médecine n’aurait pu trouver. Et où vous êtes Monsieur de Funés, n’oubliez pas de saluer votre confrère Charlot ainsi que ces adorables saltimbanques de la comédie. Parfois, je me demande même, si la pluie qui tombe n’est pas tout simplement les larmes de rire que vous nous envoyez du paradis...
 
 
 


Et la semaine se termine par la rediffusion ce jour, d’un entretien de Jean d’Ormesson par Laurent Delahousse dans l’incontournable magazine "13H15 le dimanche" le frère jumeau de "13h15 le samedi". Toujours une chose étrange que d’écouter cet Immortel même s’il affirme qu’un "jour il s’en ira sans en avoir tout dit". De Jean d’Ormesson je dirai (si j’ose un peu) que c’est la pertinence du vocable dans l’élégance de la simplicité. Dans cette interview se mêlent l’observation politique avec les Présidents successifs de la V° république (accompagnée d’archives télévisuelles), le regard sur la société, le parcours d’une vie avec son lot de larmes et de rires. Un échange qui atteint son climax lorsque Laurent Delahousse déclare avec justesse "il n’y a rien de plus intéressant que l’avenir" et ce à quoi Jean d’Ormesson répond avec brio :" il n’y a rien de plus intéressant que la vie" ! Tous est dit, ou presque, un petit pas de sagesse pour un grand saut d’humanité.
 
 
 
 

1 commentaire:

Philippe a dit…

J'ai (re)vu l'entretien avec d'Ormesson. Etonnamment, je n'ai jamais réussi à finir un de ses livres.
Par contre, quel (bel) homme ! Passionnant, assagi, élégant.

Qu'est-ce qu'il doit s'emmerder à l'Académie ;-)

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